Christel Zogning Meli, Coordinatrice
Suivi en présentiel
ou en ligne (pour les participant·e·s de l’étranger)
Présentiel : dans les locaux de la
FACULTÉ UNIVERSITAIRE DE THÉOLOGIE PROTESTANTE
Rue des Bollandistes, 40
B-1040 Bruxelles
Formulaire d’inscription au bas de cette page
Présentation générale
Un certificat universitaire autour de l’Afropéanité ?
Le concept d’Afropéanité voit le jour dans des milieux artistiques vers la fin des années 1980. La décennie suivante, le groupe belge Zap Mama, dans son premier album Adventures in Afropea, dessine l’afropéanité comme un territoire fictionnel qui représenterait l’influence des cultures africaines sur la sensibilité européenne (Miano 2020 : 47). Peu à peu, des artistes, écrivains, intellectuels afro-descendants vont s’approprier le concept pour décrire l’expérience racialisée d’un vécu en situation de minorité et dire la présence noire dans la société occidentale post-industrielle comme une réalité souvent invisibilisée.
Est dite afropéenne une personne d’ascendance subsaharienne, née ou ayant grandi en Europe, dépositaire à la fois de son vécu européen mais aussi d’un héritage culturel africain qu’elle entend assumer (Ibid. : 10, 51).
L’afropéen émerge dans un univers mondialisé marqué par les processus d’hybridation et de métissage, « tiraillé entre les traditions héritées et les orientations politiques culturelles et sociales que lui imposent le devoir d’intégration dans le pays d’accueil » (Larangé 2014 : 54).
Ce double ancrage culturel que le concept met en avant ne fait toutefois pas l’unanimité dans la diaspora noire. Certaines personnes d’ascendance africaine, dont des militants panafricanistes, le récusent, le considérant comme l’expression d’une sorte de complexe identitaire ou encore comme une manière de se désolidariser de l’Afrique. Or s’affirmer Afropéen revient à fusionner deux continents qui ont été perçus comme antithétiques du fait de relations hiérarchisées dans lesquelles l’Europe se positionnait en tant qu’entité supérieure au reste du monde (Dechaufour 2014 : 271).
Adhérer à l’afropéanité c’est ouvrir l’espace d’une réflexion dans une perspective pragmatique et apaisée. Sans rien nier du passé il s’agit d’inventer de nouvelles modalités relationnelles (Miano 2020 : 105), construisant « la rencontre de toutes les diasporas panafricaines en dehors d’un quelconque ethno-différencialisme » (Dechaufour 2014 : 10) avec les autres « mondes » en l’occurrence l’Europe dont on ne peut réfuter les influences culturelles sur l’être afropéen, avec pour horizon d’inspiration toute l’Afrique – subsaharienne et méditerranéenne.
Prolongeant ces approches, le CARES (Centre for Afro-European and Religious Studies), dans un cadre conceptuel élargi et décloisonné, désigne les Afropéens et Afropéennes comme des personnes « d’origine africaine subsaharienne et méditerranéenne, nées et/ou ayant grandi en Europe, porteuses d’un double héritage, européen et africain » (CARES 2022).
Il s’agit encore d’affiner le concept et poursuivre sa formulation. Ainsi se dessine la tâche du certificat universitaire en études afropéennes organisé sous l’égide du CARES affilié à la Faculté universitaire de théologie protestante de Bruxelles.
Au cœur d’un débat qui soulève parfois passions et crispations identitaires, il est question d’étudier l’Afropéanité dans un cadre scientifique apaisé de « recherche-action », dans une perspective critique et constructive, loin de tout parti-pris idéologique. À partir d’une approche interdisciplinaire croisant les sciences humaines, sociales et religieuses, le Certificat d’études afropéennes propose des outils utiles pour comprendre et s’approprier la notion d’afropéanité, mesurer sa portée et ses enjeux dans une dimension mémorielle, historique, socio-anthropologique, sociétale et théologico-religieuse. Dans un contexte postmoderne pluriculturel, il s’agit de penser à nouveaux frais l’Afrique et les Afriques dans le monde, considérer les dynamiques sociétales et les conditions du vivre ensemble en Europe et d’envisager enfin de façon critique la contribution des religions dans ces processus, avec le triple référentiel des spiritualités africaines, du christianisme et de l’islam.
Bibliographie
- Dechaufour Pénélope, 2014. « Tisser sa trame » et « Africana ». Africultures, 99-100 (3-4), 8-15, 270-275. https://doi.org/10.3917/afcul.099.0008 / https://doi.org/10.3917/afcul.099.0270.
- Larangé Daniel S., 2014. « Contribution à une anthropologie de l’Afropéen ». Africultures, 99-100 (3-4), 52-65. https://doi.org/10.3917/afcul.099.0052.
- Miano Leonora, 2020. AFROPEA. Utopie post-occidentale et post-raciste, Paris, Grasset.
Structure de la formation
Le certificat se déroule sur 7 séances (le samedi) dont les thèmes sont regroupés en trois modules :
Module I : Africana – Penser l’Afrique et les Afriques dans le monde
Module 2 : Cultures, spiritualités, religions
Module 3 : Dynamiques sociétales et conditions du vivre ensemble
Programme
DATES | CONTENUS | INTERVENANTS |
---|---|---|
17 février | Herméneutique de l’Afrique et de l’Africanité Clarification des concepts : Afrique, Africana, Afropéanité Histoire de l’Afrique 1 Antiquité africaine – Egypte/Kemet, Ethiopie/Kouch Histoire de l’Afrique 2 Regards afropéens sur l’histoire contemporaine et l’actualité de l’Afrique francophone | Christel Zogning Meli (FUTP) Obame Mve Gyvet (ULB) Jack McDonald (FUTP) Nathan Ngoy (FUTP) |
24 février | Généalogie de l’Afrocentrisme Éthiopianisme, pan-africanisme, négritude, afrocentrisme Sociologie de l’Afropéanité Pour penser l’expérience afropéenne aujourd’hui Fabrique d’un christianisme afropéen postcolonial, approche sociohistorique | Bernard Coyault (FUTP) Kalamba Nsapo (FUTP) Francine Nyambeck (Univ. Paris Est Créteil) Sébastien Fath GSRL (EPHE-PSL / CNRS) |
2 mars | Religions, spiritualités, sagesses africaines et afro-caribéennes Méthodologie et choix du sujet TFE | Anicet Bassilua (FUTP) Jeanine Mukaminega (FUTP) Henri-Claude Telusma (Univ. Strasbourg) |
23 mars | Lectures contextuelles de la Bible Kémitisme et théologies du monde noir | Anicet Bassilua (FUTP) Jeanine Mukaminega (FUTP) Kalamba Nsapo (FUTP) |
20 avril | Sécularisation, pluralisme et postmodernité Théologies publiques | Gheorghe C. Socaciu ( FUTP) Damien Kudada Banza (FUTP) |
27 avril | Islams africains et afropéen Sociologie de la race Philosophie sociale : Égalité des chances/justice sociale | Rima Falanga (UPN Kinshasa) Francine Nyambeck (Univ. Paris Est Créteil) Damien Kudada Banza (FUTP) |
4 mai | Enjeux de la cohabitation culturelle et religieuse interculturalité – dialogue interreligieux | Christel Zogning Meli (FUTP) Kalamba Nsapo (FUTP) Bernard Coyault (FUTP) |
Validation
Pour valider la formation, chaque participant.e rédige un travail de fin d’études (TFE) sur un sujet de choix . La méthodologie (choix du sujet et modalités de rédaction) sera indiquée pendant les séances.
Il est possible de suivre la formation sans soumettre un TFE
(auquel cas la Faculté délivrera une attestation de participation, mais pas le certificat).
Cadre académique
Dans le cadre du CARES (Centre for Afro-European and Religious Studies), la FUTP organise un certificat universitaire sur les études afropéennes. Celui-ci vise à aborder le concept émergent de l’afropéanité dans un cadre scientifique focalisé sur une approche croisant les sciences humaines et sociales et les sciences religieuses. La démarche qui anime ce certificat s’inscrit à la fois dans le projet d’enseignement et de recherche de la Faculté, mais également dans une volonté d’ouverture au grand public.
Objectifs de la formation
Ce certificat universitaire propose des outils théoriques nécessaires d’une part à la compréhension, la réception et l’appropriation du concept de l’Afropéanité et d’autre part au développement d’une réflexion critique sur la « double conscience » africaine et européenne. Il s’agit de penser à nouveaux frais les études afropéennes dans le sens d’une approche intégrée des références culturelles africaines et européennes, en dépassant les clivages ethnocentriques, en prévenant le repli identitaire et en encourageant le vivre ensemble.
Attendus à l’issue de la formation
Connaissances
- Acquérir quelques repères et notions-clés dans les domaines historique, philosophique, socio-anthropologique, théologique pour penser l’Afrique et les Afriques dans le monde et dire la condition des Africains et des Afro-descendants.
- Connaitre les grands courants de pensée qui ont façonné l’africanité et la « condition noire ».
- Comprendre les enjeux de la cohabitation culturelle et religieuse dans une société pluraliste.
Compétences
- Développer une réflexion critique et constructive, loin de tout parti-pris idéologique, appuyée sur des connaissances scientifiques, articulant conviction et ouverture.
- Utiliser et articuler entre eux les concepts-clés présentés au fil des séances, et les (re)découvrir sous le prisme de l’afropéanité.
- Se familiariser avec une lecture ouverte et dialogale des textes sacrés et des spiritualités dans le contexte afropéen.
- S’initier à une praxis interculturelle et interreligieuse.
Attitude
- Aborder les études afropéennes dans un cadre scientifique apaisé propice à la recherche-action.
- Partager une vision ouverte et inclusive de l’afropéanité, consciente de la richesse et de la diversité des diasporas africaines. Ce, en valorisant les liens avec l’Afrique – subsaharienne et méditerranéenne, et en promouvant la conversation avec les autres « mondes ».
- Encourager les initiatives afropéennes dans les différentes sphères de la société : économie, culture, politique, monde associatif, médias, etc.
- Valoriser les dynamiques individuelles, associatives, communautaires, les réseaux et les valeurs de référence qui les portent.
Organisation
En pratique : Les séances se dérouleront le samedi de 9h30 à 12h30 et de 14h à 17h durant le deuxième quadrimestre de l’année académique 2023-2024, avec possibilité de suivre la formation en ligne pour les non-résidents en Belgique.
Commensalité : Le repas de midi est pris en commun et est inclus dans les frais de la formation. Ces temps de pause offrent la possibilité de poursuivre les échanges entre les participants.
Droits d’inscription : 270 € – tarif réduit 170 € (étudiants et demandeurs d’emploi)
Public cible
Le certificat s’adresse à toutes les personnes intéressées par la réalité complexe de l’afropéanité, et ses expressions dans les différentes sphères de la société : économie, culture, politique, monde associatif, médias, etc.
- étudiant·e·s
- acteurs/-trices du monde associatif ou des ONG,
- artistes
- acteurs/-trices religieux
- professionnel·le·s engagés dans le champ institutionnel ou politique
- enseignant·e·s
- travailleurs/-euses sociaux/sociales
La formation est dispensée en présentiel à Bruxelles mais également à distance (pour les personnes qui résident en dehors de Bruxelles ou à l’étranger).
Outils pédagogiques
Les formateurs/-trices sont des universitaires (docteur·e·s ou doctorant·e·s) rattaché·e·s à différentes institutions belges, européennes ou africaines.
Chaque participant·e reçoit à l’avance les documents pédagogiques (en format papier et électronique).
Les participant·e·s bénéficient d’un accompagnement des formateurs/-trices pour la rédaction de leur TFE.
Chaque journée de la formation est enregistrée et donnera lieu à la réalisation et à la publication d’une vidéo sur un site dédié.
Comité organisateur
- Christel ZOGNING MELI, coordinatrice FUTP
- Anicet BASSILUA, FUTP
- Bernard COYAULT, FUTP
- Kalamba NSAPO, FUTP